
Dans une Angleterre abîmée par des années de chaos politique, les films d’auteur se font plus rares. Mais une jeune génération maintient la flamme d’un cinéma social et engagé.
Dans les trains qui sillonnent le Royaume-Uni, on ne les remarque pas. Des enfants seuls au regard fatigué, silencieux, tassés sur leur siège. On les pense sur le chemin de l’école, sauf qu’ils n’y vont pas. En échange d’un repas et d’un manteau chauds, ils transportent dans les villes et les campagnes lointaines la drogue des réseaux londoniens. Selon les chiffres officiels, ils sont plus de dix mille à accomplir ces trajets régulièrement. Entre 10 et 13 ans souvent, parce qu’à cet âge flotte encore un air d’innocence. Plus rien ni personne ne les retient, les coupes budgétaires privent les écoles de personnel d’encadrement, de professeurs parfois, et même de chauffage, les parents sont débordés par le travail ou l’absence de travail, affolés par les prix qui, en Grande-Bretagne, augmentent à une vitesse vertigineuse.
« Les gens sont désespérés, ils ont besoin de cash, ou simplement de nourriture, et les dealers le savent », dit Henry Blake qui a suivi certains de ces enfants dans leurs aventures brutales à la périphérie de Londres. Originaire de Nouvelle-Zélande, il a longtemps partagé sa nouvelle vie entre le métier d’acteur et celui d’éducateur de rue. Les confidences qu’il recueillait étaient tellement sidérantes qu’il a décidé de sauter le pas et d’en faire un film. Sans aide ou presque, malgré un scénario et des acteurs impressionnants.
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Lien source : En Angleterre, sur les traces des héritiers de Ken Loach