
Du 19 septembre au 7 octobre se déroule dans la salle de la caserne du Muy de Marseille le procès du tragique accident de Millas qui avait causé la mort de six enfants et en avait blessé 17 autres le 14 décembre 2017. La conductrice du bus est poursuivie pour homicides et blessures involontaires par imprudence. Lors de la première semaine d’audience, cinq adolescents lourdement blessés dans la collision ont livré leurs douloureux témoignages de ce jour-là. Les deux conducteurs du train ont également été appelés à la barre, ils ont raconté ce “bus qui arrivait doucement sur la voie ferrée et poussait la barrière”. Cette semaine a aussi été marquée par une suspension d’audience prématurée après la prise en charge de la prévenue, Nadine Oliveira, par les pompiers.
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La volonté pédagogique de la présidente du tribunal
En ouverture du procès, qui se déroulera durant 3 semaines à la Carserne du Muy à Marseille, la présidente du tribunal, Céline Ballerini, a pris la parole, dans une volonté pédagogique, pour expliquer aux familles qui ont fait le déplacement jusqu’en dans les Bouches-du-Rhône, pourquoi ce procès “hors norme” ne se tenait pas à Perpignan comme le souhaitait par les parties civiles.
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“Nous comprenons que vous déplacer à Marseille, engager des frais, cela vous paraisse particulièrement injuste et rajoute à votre douleur”, a-t-elle confié. “Mais, cet accident collectif, avec des dommages matériels et humains tels, nécessitait la mobilisation de moyens importants et de magistrats spécialisés”.
Un préambule dans lequel elle s’est, aussi, voulue rassurante : “Je serai attentive à ce que rien ne demeure confus, aucune des questions posées ne sera éludée et tout sera abordé”, a-t-elle insisté. Effectivement, depuis le début du procès, la présidente du tribunal prend le temps d’expliquer le déroulement de l’audience aux personnes présentes dans la salle et à celles qui suivent les débats à distance depuis Perpignan.
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Les premiers mots de Nadine Oliveira, la conductrice du bus
Quatre ans et demi que les victimes et leurs familles attendaient de voir et d’entendre Nadine Oliveira, la conductrice qui conduisait le bus, pour la première fois depuis la tragique collision de ce 14 décembre 2017.
Appelée à la barre du tribunal, lundi après-midi, lors de la première journée de procès, elle a livré son premier témoignage : “Je me rappelle que j’attendais les élèves au collège. Un élève était en retard alors je l’ai attendu et j’ai ouvert la porte pour qu’il puisse monter. J’ai démarré ensuite. Au cédez-le-passage, juste avant le passage à niveau, la barrière était ouverte et je suis passée”.
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Les témoignages de cinq enfants miraculés
Mardi, Enzo, Elona, Iness, Alicia et Océane se sont succédé à la barre. Ces cinq adolescents étaient présents dans le bus ce 14 décembre 2017. En lisant un texte préparé ou non, chacun d’entre eux a délivré avec une forte émotion sonn témoignage, fait part de ses souvenirs de ce jour-là, du trajet de l’autocar du parking du collège Christian-Bourquin de Millas jusqu’à la collision avec le TER au passage à niveau n°25 et des conséquences physiques et psychologiques sur eux.
Une reconstitution orale des faits qui a plongé la salle d’audience dans un lourd silence.
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L’horreur vécue par les deux conducteurs du train
Dans la cabine située à l’avant du TER qui a percuté le bus sur le passage à niveau, les deux conducteurs du train ont vécu l’horreur. “J’ai tapé immédiatement sur le système de freinage d’urgence et j’ai sifflé longuement en espérant que le bus accélère et dégage la voie. J’étais bloquée sur ce bus. Il fallait qu’il parte.” La conductrice du train, stagiaire au moment de l’accident, et son collègue, tous les deux présents à l’avant du train, ont expliqué devant le tribunal comment, en une poignée de secondes, ils ont vu le bus de Nadine Oliveira arriver sur la barrière du passage à niveau et doucement la pousser et ont enclenché les systèmes d’urgence pour tenter d’éviter le choc, un choc “inévitable”.
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L’expertise accablante de deux experts en accidentologie
En cette fin de première semaine, les experts en accidentologie ont rendu des conclusions accablantes. “Il y avait une possibilité de sauvetage. Si Nadine Oliveira n’avait pas freiné aux abords du rail, elle serait passée avant l’arrivée du train”, expliquent-ils.
La présentation de leur étude a glacé d’effroi les victimes et les parents des victimes présentes dans la salle d’audience.
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La conductrice du bus s’effondre à la barre, l’audience est suspendue jusqu’à lundi
Jeudi après-midi, l’audience devait être consacrée au parcours médical de Nadine Oliveira. Deux rapports d’expertises ont écarté de possibles troubles visuels ou auditifs qui auraient pu expliquer que la conductrice du bus n’ait ni vu les barrières ni entendu le klaxon du train. Sa prise de somnifère la veille au soir de l’accident n’est pas, non plus, susceptible d’avoir eu un effet sur la conduite de Nadine Oliveira ce jour-là.
Au moment de se présenter à la barre du tribunal pour répondre aux questions, elle s’effondre quand les avocats de la partie civile lui posent des questions sur le “trou noir” qu’elle ressent quand elle se remémore l’accident. En larmes et incapable de répondre aux interrogations, l’audience est suspendue quelques minutes mais à la reprise, la prévenue n’est pas là, elle est prise en charge par les pompiers et les débats sont suspendus pour la journée. Le procès reprendra lundi matin.
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