Présentés au festival Séries Mania, les deux premiers épisodes de la mini-série sur “BB”, créée par Danièle et Christopher Thompson, sont une réussite. En particulier grâce à l’interprète du rôle-titre, Julia de Nunez.

Julia de Nunez, idéale dans le rôle de Brigitte Bardot. Photo Thibault Grabherr – FTV – Federation
Publié le 18 mars 2023 à 20:00
C‘était l’une des séries françaises qui nous excitait le plus et nous faisait un peu peur car comment, bon sang, raconter le phénomène Brigitte Bardot en six épisodes ? Après la découverte des deux premiers, on respire, car le résultat est BB (bien beau), tant la forme et le fond s’épousent dans ce biopic de la star, de ses débuts à 15 ans, en 1949, à la naissance de son fils en 1960.
Dès le prégénérique de l’épisode 1, Bardot danse dans cette transe quasi animale qui, au centre d’Et Dieu créa la femme, fut sa naissance en tant que vedette qui ne ressemblait à aucune autre. Et ces quelques minutes sauvages de cheveux blonds en pagaille, qui s’animent sur un visage offert et un corsage vert déboutonné, annoncent la couleur divinement sixties, sensuelle et chic, de ce qui suivra.
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Danièle et Christopher Thompson usent avec une grande intelligence de la texture même de l’image, comme si chaque plan pouvait être un cliché de Cinémonde, et y glissent le mouvement et l’insolence perpétuelle. « Tu ne ressembles pas encore à une vedette de cinéma ma pauvre chérie » : cette première réplique lâchée par Anne-Marie Bardot, la mère de Brigitte, adolescente et encore brune, alors qu’elle s’apprête pour un rendez-vous avec « M. Allégret », résume à elle seule le milieu bourgeois d’où la jeune insoumise est issue. Et Géraldine Pailhas est impayable sous les traits sévères de cette maman snob, qui n’a jamais cru dans les « chances » de sa fille.
Mais dès que Brigitte ouvre la bouche dans le bureau du réalisateur qui la reçoit en compagnie de son assistant, un certain… Vadim, la fausse enfant sage balance un magnifique « Vous les barbez, maman », avant de prendre une pose naturellement alanguie sur le balcon.
« J’aime les balcons, dit-elle à la manière d’une héroïne de Duras.
— Pourquoi ?, demande le jeune Vadim, déjà fasciné.
— Il faut une raison pour aimer ? » rétorque cette fille qui a « tapé des pieds » pour venir mais qui, déjà, prétend qu’elle s’en « fiche un peu », du cinéma.
Un art du casting parfait
Remarquablement écrit, ce premier épisode où se forme le couple interdit entre un jeune futur cinéaste et une amoureuse de l’amour encore mineure livre aussi un gros plan exceptionnel lors d’un essai caméra de Brigitte : la beauté charnelle et profondément mélancolique de Julia de Nunez, son phrasé un peu las et sa voix rauque sont un choc de cinéma, pardon, de télévision.
Bien sûr, Julia de Nunez ressemble un peu à Bardot, mais c’est plus que cela : elle en a les particules élémentaires, cette lascivité inédite pour l’époque, ce je-m’en-foutisme érotique, et ce voile de tristesse d’ancienne gosse complexée. Avec elle, Danièle et Christopher Thompson ont trouvé le Graal.
Et ils ont su l’entourer avec un art du casting parfait. Comme Victor Belmondo, bouche lippue, allure vintage et follement décontractée, remarquable en Vadim. Ou Noham Edje qui, dès son apparition, devient un jeune et intense Jean-Louis Trintignant. Côté adultes : Anne Le Ny semble débarquer directement des années 60 dans le tailleur d’Olga Horstig, l’agent de Brigitte, et Yvan Attal se régale à mordiller le cigare du producteur Raoul Lévy, qui permit l’existence d’Et Dieu créa la femme, dont le deuxième épisode raconte le tournage dans un bleu tropézien magnifique et sous les regards, déjà, des premiers paparazzi. C’est lui, Raoul, qui dit, en voyant danser Brigitte dans une cave de jazz, « la fille, c’est elle ». On le répète : grâce à la finesse de l’écriture, au glamour, et surtout à l’incroyable Julia de Nunez, cette série, c’est elle, c’est Bardot !
► Bardot, épisodes 1 et 2 (2 × 52 mn), au festival Séries Mania le samedi 18 mars à 17h, UGC Ciné-Cité. Prochainement sur France 2.
Lien source : Séries Mania 2023 : et, miracle, la télé recréa “Bardot”